Cujo : réédition d’un classique de vidéoclub

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Cujo, d’après le roman éponyme de Stephen King paru en 1981, suit l’histoire d’un sympathique saint-bernard qui contracte la rage après s’être fait mordre par une chauve-souris. Lorsque Donna Trenton et son petit garçon Tad se rendent au garage de son maître, ils ignorent que le propriétaire vient de se faire dévorer par l’animal. À la place, ils sont accueillis par Cujo donc, bien décidé à ne pas laisser partir ses proies. Surtout depuis que leur voiture est tombée en panne… 

A l’occasion d’une rentrée 2019 placée sous le signe de Stephen King entre la sortie du deuxième volet de Ça et la suite officielle de Shining, Doctor Sleep, Carlotta Films propose de (re)découvrir le master restauré d’une adaptation d’un roman de l’auteur, Cujo, qui fit son apparition sur les écrans français en août 1983. Lewis Teague, aguerri aux films d’attaque animale (L’Incroyable Alligator, 1980), réalise ici une œuvre singulière sous forme d’un huis clos en plein air, mettant en scène une mère et son fils face à un chien enragé. Malgré ses airs apparents de téléfilm, Cujo se démarque (déjà) à l’époque par son casting de choix, notamment par la présence de Dee Wallace (la mère du petit Elliott dans E.T. de Steven Spielberg) et celle du jeune Danny Pintauro qui fera ses armes quelques années plus tard dans le sitcom Madame est servie. A l’image, on retrouve le célèbre Jan de Bont, appelé à devenir réalisateur dix ans plus tard avec Speed (1994). La bande-originale bénéficie quant à elle du talent de Charles Bernstein, célèbre pour avoir composé le thème de la saga Les Griffes de la Nuit (W. Craven, 1984). Ces talents réunis permettent de composer une œuvre presque sans concession, sur une musique évoquant un lyrisme… Cauchemardesque ! Sans concession en effet, puisque Lewis Teague choisira de ne pas tuer Tad, contrairement à la trame narrative du roman d’origine (la déshydratation suivie d’une attaque cardiaque venant à bout de l’enfant). 

Mais peu importe : Cujo remportera un certain succès dès sa sortie en salle, devenant même le quatrième film d’horreur le plus rentable de l’année 1983 derrière Les Dents de la mer 3 (Joe Alves), Psychose 2 (Richard Franklin), et l’adaptation chorale de La Quatrième Dimension. Ce succès permettra à Lewis Teague de se distinguer une deuxième fois au box-office grâce à une énième œuvre adaptée de Stephen King (le recueil de nouvelles Danse macabre, 1978) sous le titre de Cat’s Eye (1985). Rendons grâce à Carlotta Films, donc, qui nous offre une double édition DVD/Blu-ray inédite du montage intégral de Cujo. En plus de la bande-annonce originale et des 2 spots TV classiques disponibles sur ces galettes exceptionnelles, le commentaire audio de Lee Gambin, auteur du livre Nope, Nothing Wrong Here: The Making of Cujo, met à jour des secrets de tournage du film tout en décortiquant le roman de Stephen King. C’est surtout le making-of Dog Days écrit, produit, et réalisé par Laurent Bouzereau qui comblera les curieux comme les cinéphiles en herbe grâce à la richesse de ses entretiens avec l’équipe du tournage, et même Douglas E. Winter, biographe du prolifique auteur. Le Blu-ray steelbook s’enrichit quant à lui de trois courts formats qui permettent notamment d’évoquer l’expérience du tournage de Cujo d’un point de vue exclusivement féminin d’après le témoignage de Dee Wallace, mais aussi de celui du chien grâce à Teresa Ann Miller, fille du dresseur de l’animal enragé, et enfin de Charles Bernstein en personne qui évoque ses intentions pour la composition du thème principal d’une œuvre appelée à devenir culte dans les vidéoclubs.

A la production : Daniel H. Blatt, Neil A. Machlis, Robert Singer pour Sunn Classic Pictures et TAFT Entertainment Pictures.

Derrière la caméra : Lewis Teague (réalisation). Pete Goldfinger, Josh Stolberg et Chris Rock (scénario). Jan de Bont (chef opérateur). Charles Bernstein (musique).

A l’écran : Dee Wallace, Daniel Hugh-Kelly, Danny Pintauro, Christopher Stone, Ed Lauter, Kaiulani Lee, Billy Jayne, Mills Watson.

En DVD/Blu-ray le : 18 septembre 2019.

Copyright illustration : Aurélien Fernandez.