Annabelle : La Maison du mal

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Annabelle La Maison du mal

Les productions Blumhouse en remettent une couche avec un nouvel épisode de la poupée maléfique intitulé Annabelle 3 : La Maison du mal. Étonnamment, le film s’avère une réussite sur le plan artistique et financier. La Warner semble ravie avec déjà des recettes de plus de 140 millions de dollars au box-office dans le monde en à peine 10 jours. Le cinéma d’horreur a encore de beaux jours devant lui.

Il y a quelque chose chez cette poupée qui fascine les gens. Elle est assise derrière une vitre et parfois ses bras et ses jambes bougent. Ça n’est pas un jouet pour enfants. J’étais terrifiée par elle. Mes parents m’ont toujours dit de ne pas lui prêter attention, et de ne pas la regarder dans les yeux.

Judy Spera

Il est fort de constater que la poupée dans le cinéma d’horreur a toujours été un objet fascinant pour faire peur. Il y a eu Chucky et sa face pleine de cicatrices qui ont fait transpirer des générations de chérubins dans le film Jeu d’enfant (1988) de Tom Holland ou encore Dolls (1987) de Stuart Gordon, racontant l’histoire d’une famille qui trouve refuge dans un vieux manoir infesté de poupées tueuses. Plus récemment, les créateurs de Toy Story 4 (Josh Cooley, 2019) se sont même amusés à créer une boutique d’antiquités à l’aspect inquiétant et mystérieux gérée par une vilaine poupée nommée Gaby Gaby.

© Graeme Mitchell

Jason Blum, producteur prolifique

Jason Blum (ci-contre), devenu le producteur des films d’horreur les plus prolifiques de ces dernières années grâce aux succès de Paranormal Activity, Insidious ou encore à la saga American Nightmare de James DeMonaco, s’intéresse à la fameuse histoire d’Annabelle suite au succès critique et financier de Conjuring : Les Dossiers Warren (James Wan, 2013), qui introduisait déjà la poupée maléfique, d’après une histoire vraie. Annabelle s’est imposé tout naturellement comme un film potentiellement « rentable ». Malgré une critique des plus sévères, le film rapporte dans le monde entier plus de 250 millions de dollars pour un budget de 6,5 millions de dollars. Une suite s’imposa et un préquel vit le jour en 2017 intitulé Annabelle 2 : La création du mal réalisé par David F. Sandberg, déjà remarqué avec son film Dans le Noir, l’année précédente. Le film est un vrai succès et se paie même le luxe de critiques favorables, souvent comparé au premier épisode, grâce au soin apporté à la mise en scène et à la photographie signée Maxime Alexandre, chef opérateur du réalisateur Alexandre Aja.

Le film récolte plus de 300 millions de dollars dans le monde. Blum, habitué a donné à son public des suites, ne compte bien entendu pas s’arrêter là. Il annonce ainsi le 28 avril 2018 qu’un troisième volet de la saga Annabelle est en développement. Le projet sera par la suite confié à Gary Dauberman, connu pour sa plume avec Ça (2017) d’Andrés Muschietti, qui marque ici ses débuts en tant que réalisateur.

La maison des horreurs

Après avoir effrayé son petit monde dans les épisodes précédents, Annabelle, plus laide que jamais, reprend du service pour le plus grand plaisir des spectateurs attirés par les sensations fortes. Les célèbres démonologues Ed et Lorraine Warren, déterminés à mettre Annabelle hors d’état de nuire, enferment la poupée démoniaque dans leur « pièce des souvenirs », en prenant soin de la placer dans une vitrine sacrée bénite par un prêtre. Annabelle finit malgré tout par se réveiller après l’intervention maladroite d’une amie de la baby-sitter trop curieuse qui s’invite chez les Warren. Une fois ramenée à la vie, elle s’intéresse cette fois-ci à de nouvelles victimes potentielles : Judy, la fille des Warren âgée de 10 ans, et ses amis. Une nouvelle nuit d’angoisse se prépare dans la maison des horreurs.

Les classiques du cinéma d’horreur que sont Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968), L’Exorciste (William Friedkin, 1974), La Malédiction (Richard Donner, 1976) voire Carrie au bal du diable (Brian de Palma, 1976), pour ne citer qu’eux, fleurons du cinéma de genre seventies, se différenciaient des oeuvres actuelles par le fait que l’élément fantastique n’apparaissait que relativement tard. Prenons par exemple Roman Polanski qui prenait son temps pour étudier les personnages et installer le spectateur dans leur quotidien. Cela permettait ainsi de rendre encore plus crédible l’élément fantastique et d’augmenter ainsi l’angoisse. Gary Dauberman, lui, a retenu la leçon avec Annabelle : La Maison du mal. Pendant une bonne première moitié du film, le réalisateur installe son décor, ses personnages et son ambiance. Le fait de prendre son temps autorise également de s’attacher aux personnages et de prendre vraiment à cœur ce qui peut leur arriver. Nous sommes ici à mille lieues des archétypes féminins de genre, bien trop souvent interchangeables.

© Justin Lubin/Warner Bros

Mais si les sursauts sont rares, on a constamment peur de ce qui pourrait leur arriver. Grâce à un travail de « bon faiseur », la seconde partie, qui verse petit à petit dans le surnaturel et l’horreur, fait montre d’une maitrise non-négligeable, évitant ainsi le ridicule involontaire. Même si le film se retrouve néanmoins amoindri par un grand final qui frôle peut-être l’idiotie ou peut-être l’écriture trop scolaire, le réalisateur se dépêtre relativement bien des embûches classiques en laissant sur son chemin des clés de compréhension qui ne sont pas données. Le spectateur peut dès lors « créer du lien », « recoller » certains bouts de l’histoire grâce aux nombreux indices égrainés. Le second degré a droit également à une place de choix dans cet épisode. D’ailleurs, tous les amateurs de films d’horreur mainstream aux sursauts surlignés et aux phrases qui font sourire devraient y trouver leur compte ; des effets que le réalisateur assume totalement.

Je pense que nous essayons d’avoir un peu plus de moments de légèreté qui sans doute n’étaient pas présents dans le premier et le second Annabelle. Je veux dire, il y avait des moments moins sérieux, mais il y sont plus dispersés dans celui-là. 

Gary Dauberman

© Warner Bros

Un excellent divertissement

Gary Dauberman fait preuve d’idées de scénario remarquables, intégrant au passage un panel de nouveaux « méchants » qui feront, on peut l’assurer, le bonheur de Blum pour développer des dizaines d’histoires potentielles (Le chien des enfers : l’histoire d’un loup-garou démoniaque, Ferryman : un démon qui collecte les âmes en plaçant des pièces sur leurs yeux ou encore l’histoire d’une bien mauvaise télévision…). Le casting bénéficie de la présence de comédiens totalement immergés dans leurs rôles, en particulier l’intrigante petite McKenna Grace (déjà remarquée dans le magnifique Mary de Marc Webb en 2017) qui, par son visage « adulte », dégage naturellement une certaine étrangeté. D’autre part, la mise en scène brille par sa maîtrise pour un premier film. On remarque ainsi des plans particulièrement travaillés qui participent à faire de ce long-métrage un bel exercice de style. Nous avons ici affaire à l’œuvre d’un scénariste méritant qui  redouble d’efforts dans son écriture, depuis le premier volet de la saga Annabelle. Ce troisième opus s’avère donc une belle réussite à la fois drôle et effrayante, contrastant totalement avec le cinéma fantastique essentiellement axé sur les jump scares et le gore que l’on voit bien trop actuellement. Ce film se révèle un excellent divertissement qui ravira les plus exigeants du genre.

Je ne suis pas un grand fan des comédies d’horreur, mais j’adore l’humour dans mes films d’horreur – je ne sais pas si ça fait sens. J’aime les moments de légèreté, donc je me suis d’avantage penché là-dessus à certains moments, parce que je trouve que si nous réussissons ces moments où les gens rient, et sont effrayés juste après… J’adore essayer d’amener à ça. J’ai joué avec ça un peu plus dans cet épisode. 

Gary Dauberman

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