L’Héritage des 500 000(Gojūman-nin no isan – 1963 – Japon) ; Réalisateur : Toshirō Mifune. Scénario : Ryuzo Kikushima. Avec : Toshirō Mifune, Tatsuya Nakadai, Tatsuya Mihashi, Tsutomu Yamazaki, Yuriko Hoshi, Yoshio Tsuchiya, Mie Hama. Chef opérateur : Takao Saitō. Musique : Masaru Satō. Production : Takarazuka Motion Picture Company, Tōhō, Mifune Productions. Format : 2.35. Durée : 97 minutes.
L’Héritage des 500 000, succès public au Japon à sa sortie, réunit une fine équipe à l’occasion de la création de sa propre maison de production par Toshirō Mifune. L’idée consiste à produire des films dans lesquels l’acteur peut donner la pleine mesure de son talent. Ce dernier se retrouve propulsé à la réalisation pour cette première production. Il peut néanmoins compter sur un casting d’acteurs reconnus tels Tatsuya Nakadai, qui jouait très souvent l’ennemi de Mifune dans les films de Kurosawa. Le scénario original est signé de Ryuzo Kikushima, célèbre scénariste japonais à qui l’on doit ceux du Château de l’araignée (Akira Kurosawa, 1966) ou encore Quand une femme monte l’escalier (Mikio Naruse, 1960). Le reste de l’équipe confirme ses liens étroits avec le réalisateur puisque l’on retrouve Takao Saito au poste de directeur de la photographie (Entre le ciel et l’enfer, Barberousse en 1965, Dodes’kaden en 1970 et bien d’autres), Masaru Sato, « l’homme aux 250 musiques de films d’aventures », à la musique, et même Akira Kurosawa au montage. L’Héritage des 500 000, trésor oublié du cinéma malgré son succès au box-office japonais l’année de sa sortie en salle, disparait quelques temps plus tard, le film ne disposant d’aucune édition, ni en VHS ni en DVD. La sortie de l’oeuvre en France grâce à Carlotta Films permet un accès unique à l’une des facettes inconnues du travail de Toshirō Mifune. Un an après sa découverte en salle à Lyon, le DVD contient en plus du film un documentaire, Mifune, le dernier samurai , réalisé par Steven Okazaki, sur la vie de l’acteur et producteur racontée par Keanu Reeves. Le spectateur découvrira ainsi l’implication totale de Mifune dans sa filmographie impressionnante. Ce documentaire se révèle d’autant plus intéressant qu’il n’évoque guère son travail de réalisateur, malgré quelques photographies sur le tournage où l’on peut apercevoir Mifune passer le balai par lui-même. Cependant, il réjouira les passionnés de l’acteur, et encouragera probablement ceux qui le méconnaissent à s’attaquer à sa filmographie – tâche toutefois gargantuesque puisqu’elle ne contient pas moins de 102 films. De plus, les interviews des collaborateurs de Mifune permettent d’entrevoir le travail particulier des acteurs japonais à l’époque, et les âpres méthodes de travail de Kurosawa – qui n’hésita pas à lancer de véritables flèches sur Mifune, sans assurance, pour le final du Château de l’araignée.