Escape from L.A. est une œuvre mal aimée, dans une filmographie qui compte pourtant son lot de films boudés par le public et par une certaine critique. Et pourtant, il suffit de se laisser aller pour apprécier cette suite en forme de remake (à moins que ce ne soit un remake se faisant passer pour une suite ?) où notre Big John adoré a ouvert les vannes (dans tous les sens du terme, vous verrez) pour laisser libre cours à une folie régressive dont il avait déjà montré l’étendue et la puissance dans Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin en 1986, déjà avec Kurt Russell.
Le Snake Plissken de Los Angeles, s’il a gardé les punchlines et l’essentiel du look de son escapade à New York, a aussi emprunté un peu de la maladresse et de la démesure de Jack Burton. A l’atmosphère confinée de New-York, répond la décadence flamboyante de Los Angeles, que Carpenter s’amuse à titiller sans vergogne, n’hésitant pas à brûler au lance-flammes les ailes des anges d’une cité qui porte bien mal son nom.
C’est avec une joie communicative que Carpenter pulvérise les icônes, et se moque des obsessions américaines (le sport, la chirurgie esthétique, le puritanisme, la virginité…) et d’une société où la liberté est incarnée par un héros qui n’a jamais rien demandé, et par une galerie de personnages qui tentent de conserver un peu d’humanité, servis par un impressionnant casting. Car l’un des (nombreux) plaisirs du spectateur de Los Angeles 2013, c’est ce trombinoscope du meilleur des gueules du cinéma bis et des années 90. On retrouve ainsi l’inénarrable Steve Buscemi, avec son bagou habituel, un Bruce Campbell méconnaissable (à l’exception de son menton, pour les fans) en chirurgien fou, Pam Grier, Stacy Keach, Cliff Robertson (pour les plus jeune, l’oncle de Peter Parker dans les Spiderman de Sam Raimi) ou les trop rares Michelle Forbes et Valeria Golino. Carpenter comme à son habitude, fait des clins d’œil à l’histoire du cinéma, qu’il s’agisse du cinéma classique (avec de nombreuses scènes de western, dont une poursuite impliquant une Harley et un indien à cheval !), ou du Nouvel Hollywood, en s’offrant les services d’un Peter Fonda aux cheveux longs, qui partagera une scène surréaliste avec Kurt Russell, où nos deux héros américains surfent au sommet d’une vague créée par un tsunami, dans Wilshire Boulevard…
Il faut le voir pour le croire, alors vous aussi, laissez-vous porter par la déferlante Los Angeles 2013…
A la production : Kurt Russell et Debra Hill pour Paramount Pictures et Rysher Entertainment.
Derrière la caméra : John Carpenter (réalisation). John Carpenter, Debra Hill et Kurt Russell (scénario). Gary B. Kibbe (chef opérateur). John Carpenter et Shirley Walker (musique).
A l’écran : Kurt Russell, Peter Fonda, Cliff Robertson, Stacy Keach, Steve Buscemi, Georges Corraface, Pam Grier, Valeria Golino.
Au ciné-club Gone Hollywood le : 2 septembre 2021.