Pour célébrer sa première rentrée des classes, Gone Hollywood a décidé de partir à la découverte des hauts lieux de l’exploitation cinématographique indépendante française, en commençant par Paris, afin d’en établir une cartographie culturelle, politique et sociale, sans aucune tentation exhaustive. Quelle autre institution culturelle que le Forum des images, situé au cœur de la capitale, aurait donc pu prétendre ouvrir en fanfare cette série d’interviews captivantes parmi nos rencontres de cinéma ?
L’IMAGE RÉFLÉCHIE
Situé à mi-chemin entre la Fnac et l’UGC Ciné Cité des Halles, le Forum des images, inauguré en 1988, produit et accueille chaque année projections, rencontres, festivals et bien d’autres événements dans le cadre d’une programmation populaire mais exigeante. Ainsi peut-on y croiser au fil des saisons les joyeux trublions de Panic! Cinéma, les amoureux de Patrick Dewaere, figure charismatique toujours présente aujourd’hui, ou les cinéphiles en herbe (CinéKids) comme les amateurs de technologie numérique venus découvrir de nouvelles formes de narration (NewImages Festival). Cette approche chic, choc et pop s’est enrichie depuis un an d’une dimension complémentaire et transversale avec l’école TUMO, initiée dans un premier temps à Erevan, en Arménie. L’objectif ? Devenir acteur de la création numérique grâce à cette initiative citoyenne innovante (et gratuite !) réservée aux adolescents de 12 à 18 ans. Cinéma, animation, jeu vidéo, codage, dessin, design graphique, modélisation 3D ou encore musique constituent les principaux champs d’exploration d’une activité extrascolaire qui a déjà séduit l’an dernier pas moins de 1300 jeunes parisiens issus de divers horizons sociaux. Cette double mission, à la fois de programmation et d’éducation aux images, répond ainsi à l’urgence à former le regard des jeunes « consomm-acteurs » du numérique sur un monde qui achève désormais sa pleine digitalisation. C’est donc pourquoi au Forum des images, on passe sans transition du celluloïd au 4K, de la fiction à la Réalité Virtuelle, d’une masterclass à des ateliers pratiques pour célébrer et réfléchir l’image sous toutes ses formes.

© Gilles Coulon/Tendance Floue

© Gilles Coulon/Tendance Floue
Cette ligne directrice, on la doit aux équipes du Forum des images, sous l’impulsion de Claude Farge, son directeur en poste depuis un an et demi, un cinéphile décomplexé, capable en effet de s’enthousiasmer aussi bien pour l’œuvre d’Agnès Varda que pour celle de Sylvester Stallone. Ce marseillais d’origine a fait ses classes pendant quinze ans dans le domaine du jeu vidéo, chez Ubisoft, cultivant à côté ses talents de peintre et de réalisateur. Ce parcours mixte, à cheval entre les arts et le management culturel, lui vaudra par la suite d’œuvrer du côté d’Universcience, né du rapprochement de la Cité des sciences et de l’industrie et du Palais de la découverte, où il participe à la stratégie numérique, audiovisuelle et à la programmation. Sa nomination à la direction générale du Forum des images, en décembre 2017, semble alors s’inscrire parfaitement dans la droite continuité d’un parcours professionnel engagé dans l’action culturelle, sociale et politique. C’est donc avec un réel enthousiasme que Boris Szames a rencontré Claude Farge dans son bureau au cœur du Forum des images, où il évoque avec une joie communicative sa semaine passée aux côtés d’Oliver Stone (janvier 2018), une expérience qu’il espère renouveler cette année avec Paul Schrader. *
UN LIEU JEUNE ET POPULAIRE
Boris Szames : Pouvez-vous nous présenter le Forum des images en quelques mots ?
Claude Farge : Le Forum des images s’appelait au départ la Vidéothèque de Paris. Sa mission s’inscrivait alors dans le cadre de la conservation du patrimoine audiovisuel de Paris et sa mise en valeur auprès du public. Tout en poursuivant l’enrichissement de sa collection de films, l’institution devient au fil des années un lieu de programmation au sens large du terme, en proposant des cycles thématiques et en accueillant des festivals, et en 1998 prend le nom de Forum des images. Dès lors, sa mission de mise en valeur du cinéma se traduit par une programmation foisonnante, abordant tous les genres, à travers la création de festivals ou de rendez-vous originaux mais aussi l’exploration de nouvelles formes de narration avec des événements tels que Pocket Films Festival, MashUp Film festival ou plus récemment le Paris Virtual Film devenu aujourd’hui NewImages Festival, mené par Michael Swierczynski (directeur du développement numérique). Mon arrivée au Forum des images marque la mise en place d’un projet que j’ai porté avec le conseil d’administration et la ville de Paris, TUMO, une école de la création numérique. L’innovation, c’est en quelque sorte notre « marque de fabrique » : toujours avoir un train d’avance, défricher, quitte à prendre des risques. Le Forum des images est bel et bien un forum au sens classique du terme, où se croisent les jeunes et leurs parents, mais aussi les seniors.
Il nous manquait cependant une tranche d’âge très prisée des institutions culturelles : les adolescents, un public extrêmement difficile à toucher. Et c’est là que TUMO intervient puisque l’école s’adresse aux jeunes âgés de 12 à 18 ans, en privilégiant la mixité, de genre et sociale. On ne veut pas simplement parler aux cinéphiles convaincus. Il s’agit plutôt pour nous d’élargir l’appétence de gens qui n’auraient pas forcément eu « l’idée » du cinéma. La partie « images » nous tient aussi à cœur. Cette année, on élargit encore plus notre champ d’exploration avec le nouveau festival Bédérama. Nous lançons également – et c’est une première à Paris – Stream Days un événement entièrement dédié aux vidéastes du net qui inventent de nouvelles formes de narration. L’auteur Patrice Blouin parle d’ailleurs à juste titre des Champs de l’audiovisuel, ce que nous envisageons ici, au Forum des images, par une approche beaucoup plus « horizontale » soit de façon plus contemporaine et enrichissante, plutôt que simplement chronologique. N’oublions pas que le cinéma est un média qui s’interroge aujourd’hui. Notre approche consiste donc à ne pas se replier sur soi-même, mais plus à approcher les autres formes de média (Youtube, le jeu vidéo, la BD) ; et c’est ça qui va paradoxalement renforcer le cinéma, notamment auprès des jeunes publics.

Les Tumobiles © Gilles Coulon/Tendance Floue/Forum des images
La localisation du Forum des images, à savoir au cœur de la capitale, dans un immense centre commercial, anciennement le « Ventre de Paris », n’est-elle pas purement et simplement une affirmation de son positionnement politique, culturel et social ?
Bien sûr, et ça l’a toujours été. C’est d’ailleurs au Forum des images qu’a été inventé le festival « Un état du monde et du cinéma » qui est une vision à la fois sociologique, politique et citoyenne du cinéma. Ce côté central donne donc naturellement une mission un peu différente au Forum des images. C’est pour ça qu’avec la Mairie de Paris la décision a été prise d’installer TUMO au Forum. Ça faisait sens d’être en plein centre de la capitale.
Peut-on alors parler d’éducation populaire ?
Nous parlons plutôt d’éducation aux images. C’est ce qui s’en rapproche le plus, d’après les méthodes employées et les publics visés. On travaille également beaucoup avec le champ associatif, bien avant TUMO depuis au moins dix ans. Notre objectif, c’est d’emmener le spectateur de Rohmer à Romero, en brassant donc extrêmement large dans le champ de la cinéphilie. On considère qu’il n’y a pas de forme qui soit plus noble que l’autre. Notre nouveau projet y apporte une dimension très importante : le « faire », ce qui nous distingue d’ailleurs de nombreuses institutions. TUMO, par exemple, permet de créer du contenu, mais aussi d’apporter de la visibilité sur les métiers du cinéma d’un point de vue purement artisanal. Que signifie concrètement d’être acteur, réalisateur etc. ?
Au vu des missions (pédagogique, patrimoniale etc.) poursuivies par le Forum des images, qu’est-ce qui vous distingue de la Cinémathèque française ?
Les missions et formats ne sont d’abord pas les mêmes. La Cinémathèque célèbre l’histoire du cinéma dans sa dimension mondiale, à travers l’exposition exhaustive de chaque auteur, qu’il soit une figure incontournable du 7e art ou méconnue du grand public, mais dont l’œuvre s’inscrit dans une époque, dans un courant esthétique. L’exhaustivité fait partie de sa mission, contrairement à nous qui avons plutôt tendance à considérer le cinéma et les films dans un jeu infini de résonnances et de références qui se croisent, qu’elles que soient les époques, et qui constituent autant de fils d’Ariane au sein de notre imaginaire. Par exemple, nous sommes ravis que la Cinémathèque organise la rétrospective avec Jodorowsky… Que nous invitons régulièrement depuis trente ans au Forum des images, en fonction de l’accroche de nos programmes, la richesse de son œuvre invitant à plusieurs visions et lectures possibles. Nous nous distinguons également avec l’offre TUMO, qui n’a pas été simple à installer, car se posait la question du sens. Au-delà de l’intuition, on devait se demander ce qui fait l’originalité du Forum des images. Nous sommes les seuls en France, à ma connaissance, à être à la fois un lieu de programmation et de formation avec pour dessein que ces deux pôles se nourrissent l’un l’autre. Cette curiosité transverse est complémentaire avec les missions de la Cinémathèque.
L’ère du tout-numérique évoque un flux d’images discontinu au contraire du temps purement cinématographique où l’arrêt sur image était encore possible. Or, le Forum des images se situe lui aussi dans un flux, entre la Fnac et l’UGC des Halles, deux lieux de grande consommation du numérique, de l’image digitalisée…
Le projet principal du Forum des images à la base, c’est d’asseoir un lieu de culture dans un lieu de consommation. Nous sommes en effet symboliquement dans une sorte de zone tampon au cœur d’un flux dont nous sommes nous-mêmes acteur, tout en ayant le recul nécessaire pour l’analyser. La Cinémathèque, elle, dispose d’une distance supplémentaire et peut donc se placer encore plus au-delà du flux. On essaie d’accueillir davantage ceux qui font le cinéma, par exemple grâce à notre partenariat récent avec l’AFC (l’association professionnelle des chefs opérateurs français), pour que notre institution fasse partie intégrante d’un processus, sans rester simple observateur.
Quelle est le secret de la longévité du Forum des Images ?
C’est d’abord le talent de mes prédécesseurs comme Véronique Cayla, Michel Reilhac et Laurence Herzberg. Le Forum des images est une institution polymorphe et métamorphe qui se réinvente tous les dix ans. Ses équipes sont homogènes et talentueuses. La ligne éditoriale avait déjà été initiée par Fabien Gaffez, directeur des programmes : nous l’avons accentuée et accélérée dès mon arrivée. La Mairie de Paris nous finance, ce qui permet d’être en prise directe avec le citoyen. Le Forum des images n’est pas l’institution la plus anciennes des Halles mais il fait partie d’un conglomérat d’acteurs culturels auxquels participent l’UGC Ciné Cité des Halles, la Maison du geste et de l’image, la MPAA et bientôt la Bourse de Commerce – Pinault Collection. Notre projet, c’est de faire tous ensemble des Halles un lieu de mixité culturelle, un vrai creuset citoyen en organisant plusieurs fois par an des événements qui nous feront sortir des sous-sols, comme avec NewImages Festival à Saint-Eustache ou encore sous La Canopée. La rénovation du Forum des Halles nous donne l’occasion d’avoir cet effet démultiplicateur puisque les espaces s’y prêtent.

Fabien Gaffez, directeur des programmes au Forum des images © Gilles Coulon/Forum des images/Tendance Floue
Alberto Barbera, directeur de la Mostra, a décidé de projeter cette année à Venise deux films produits par Netflix. Peut-on envisager de voir un jour un film produit et distribué par une plateforme SVOD au Forum des images ?
Il s’agit d’un grand débat contemporain sur la réinvention du cinéma, notamment via les plateformes comme Netflix et le financement du cinéma. C’est effectivement un rapport de force national qui dépasse donc largement le cadre du Forum des images. Bien sûr, ça fait partie de notre mission de se poser la question et d’aller dans le sens du progressisme. On aimerait bien accueillir ces films, à condition qu’il y ait des garanties en face. Mais il faut un discours responsable, car la question est aussi purement économique. Comment arrive-t-on à protéger les distributeurs et les exploitants de salle dans un système sur-cadenassé, conçu pour protéger la filière ? C’est alors beaucoup moins simple d’ouvrir la porte à un nouvel entrant dans ce système extrêmement rigoureux et vertueux. Le problème reste malgré tout qualitatif. N’oublions pas qu’on parle d’une grande salle, et non de l’intimité d’un salon avec des conditions de spectacle différentes, l’être-ensemble en moins. Nous en parlons souvent avec Fabien Gaffez et son équipe. Comment donc programmer quand on est une salle de cinéma face à l’algorithme de plateformes comme Apple, Amazon et Netflix ? Quel est le facteur humain qui va faire qu’un programme qu’on nous propose sur Amazon réponde aux affinités des spectateurs ? C’est la grande intelligence de Netflix. Qu’est-ce qui fait notre différence en tant que programmateur par rapport à ces plateformes pour que les gens se sentent impliqués ? C’est la fameuse question de « l’algorithme humain ». Un spectateur doit pouvoir entrer en contact avec des œuvres d’une manière complétement inédite qui va lui donner envie de voir autre chose. Programmer ne consiste pas simplement à choisir un thème et à tout y mettre sans aucun sens. Pour faire une analogie avec la musique, un album comporte en général une dizaine de morceaux. Ici, par exemple, ce sont les dix films de Melvil Poupaud. On distingue alors ceux qui vont en faire une compilation de ceux qui vont en faire les remix. Nous, on est plutôt dans le remix justement.

© Forum des images
DES PAS DE CÔTÉ
Pouvez-vous expliquer votre métier en quelques phrases ? Quel est votre parcours ?
Je suis directeur général nommé par le conseil d’administration sur la base d’un projet. Mon rôle consiste à tracer une stratégie générale. Je m’assure que les différentes directions disposent des bons outils et moyens pour mettre en œuvre cette stratégie. Il y a en plus un aspect politique dans ma fonction, notamment dans les relations avec la Mairie de Paris, la politique interne, les questions budgétaires et autres. Je tiens aussi beaucoup à la dimension partenariale pour envisager des collaborations avec d’autres institutions. Je crois en effet beaucoup à l’effet de levier dans le secteur culturel qui dispose de moins en moins de budget. L’une des clefs pour y résister, c’est de travailler à plusieurs pour être plus fort.
Quel spectateur de cinéma êtes-vous ?
J’ai grandi au beau milieu de la campagne où il était impossible d’avoir accès aux cinémas du Quartier Latin. Ma découverte avec le cinéma s’est faite essentiellement grâce à la VHS et la télévision. J’ai plutôt vu très vite Rambo que Rohmer. Et c’est aussi pour que ça que j’ai une vraie appétence pour les films populaires, exigeants, sociaux, bien écrits et bien réalisés. Dans mon panthéon personnel, il y a bien sûr Wilder, Hitchcock, Kubrick… Mais aussi le cinéma des années 70, celui du Nouvel Hollywood. Pour tout vous dire, je n’aime pas qu’il faille s’excuser d’aimer Rocky. N’oubliez pas que le film a reçu plusieurs Oscars ! On a aussi trop tendance à sous-estimer la comédie. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a créé « Un Drôle de Festival ».
Quelles rencontres de cinéma ont marqué votre carrière au Forum des images ?
Sans doute la dernière fois que j’ai croisé Agnès Varda, ici même au Forum des images, quelques jours avant sa disparition. On a évoqué la vie, la mort… Elle avait une telle énergie face au public. Elle était dense et présente. C’était une soirée d’adieu incroyable. Elle a pris plaisir à revoir une par une toutes les personnes qui venaient ce jour-là à l’avant-première de son film Varda par Agnès. Tout le monde venait la saluer et lui parler. J’ai également passé une soirée avec Viggo Mortensen, un homme délicieux et cultivé, et une semaine avec Oliver Stone… Quand je suis arrivée en poste au Forum. J’attends maintenant avec impatience Paul Schrader que nous recevons en janvier prochain.

Adèle Haenel et Céline Sciamma, le 23 septembre 2018 © Pascal Aimar

Oliver Stone au Forum des images © Laurent Edeline
Justement, qui rêveriez-vous d’inviter ?
Pourquoi pas une semaine avec Sylvester Stallone ? C’est un peintre, un écrivain, un réalisateur et un acteur. Il doit avoir plein de choses passionnantes à raconter ! Le Forum des images aime bien faire des pas de côté de ce genre-là. On a eu la chance d’accueillir régulièrement de grands noms : James Gray, pour la réouverture en 2008… Michel Gondry avait d’ailleurs réalisé la bande-annonce pour l’événement. On aimerait bien recevoir Darren Aronofsky, Catherine Deneuve, Tsui Hark, Jane Campion, Kathryn Bigelow, Quentin Tarantino, Guillermo Del Toro, Tilda Swinton… On essaie au maximum de donner la parole au masculin et au féminin : la question du genre ne se pose pas pour nous. Il s’agit surtout des créateurs et des créatrices avant tout.
UN ÉTAT DU MONDE DU CINÉMA
Quel état du monde du cinéma dresseriez-vous ?
On pourrait croire vu de l’extérieur que c’est un secteur qui est florissant, d’autant plus avec les plateformes arrivées pour donner encore plus de travail aux acteurs de l’industrie. Aux États-Unis, on constate un phénomène de surconcentration avec ces conglomérats qui rachètent tout le monde. Ça ne durera qu’un temps. La question est aussi qualitative : que donne-t-on à voir aux spectateurs ? J’ai l’impression que c’est de plus en plus difficile de prendre des risques. On consomme certes beaucoup plus, mais la diversité du contenu s’est appauvrie en à peine vingt ans. C’est donc à nous, en tant que lieu de programmation, d’aller encore plus loin pour trouver des films hors des sentiers battus. Mais attention, il ne s’agit pas non plus d’exclure les films Marvel qui, pour les meilleurs d’entre eux, participent de ce discours. La prise de risque est moins évidente, disons.
Comment envisagez-vous l’avenir de la salle de cinéma ?
Les grands multiplexes s’orienteront davantage vers ce que j’appelle de manière plus générale « le stade multimédia ». Les publics de niche existeront encore. On aura toujours besoin qu’on nous raconte des histoires et de partager un spectacle collectivement. C’est notre credo depuis dix ans, ici. Le public sera moindre, je pense. Il faut donc dès aujourd’hui aller vers plus d’accompagnement, d’audace. Il faut éditorialiser à outrance, faire venir les gens, sans verser dans l’événementialisation. Le cinéma, c’est d’abord de la jouissance et du plaisir. Le danger de la salle serait de devenir soit un lieu unique d’événementialisation, soit un musée total. Il faut donc entretenir une mémoire vivante. Certes, on va voir Rohmer ou Romero. Mais il faut accompagner ce geste par la parole, par un style et par du sens. C’est au cœur du métier de programmateur. La salle a également beaucoup d’avenir grâce aux festivals où on voit que le public existe encore. En revanche, le grand défi reste de faire face à son vieillissement. Comment la génération qui n’a jamais connu exclusivement le cinéma via la salle va évoluer à l’avenir ? Je pense qu’il y aurait des conclusions à tirer de l’expérience TUMO, notamment pour trouver des clés nécessaires dans l’optique de ré-intéresser les jeunes publics à la salle. Personne n’a encore la solution… Mais on a des clés ici pour ouvrir des portes (rires) !
* Propos recueillis à Paris, le 5 septembre 2019.
Copyright photo de couverture : Julien Hazemann